Faut-il couper le chauffage la nuit pour faire des économies ou le baisser à 16‑17°C ? Le verdict des experts

L'arrivée de l'hiver s'accompagne souvent d'une angoisse bien connue : la flambée des factures d'énergie.

Face à cela, nombreux sont les ménages qui se demandent quelle est la meilleure stratégie à adopter avec leur chauffage, surtout la nuit tombée.

Faut-il le couper complètement avant de se glisser sous la couette, ou simplement ajuster la consigne à une température plus fraîche ?

Même si la réponse dépend étroitement du système de chauffage et de l'isolation du logement, les experts sont très clairs sur ce qu'il faut faire.

Découvrez s'il faut couper le chauffage la nuit pour faire des économies d'énergies ou le baisser à 16-17° ?

1. La règle d'or des experts : baisser, pas éteindre

Pour commencer, il existe un point de consensus majeur parmi les spécialistes, comme l'Ademe (Agence de la transition écologique) : il est préférable de baisser la température la nuit plutôt que de couper le chauffage intégralement.

L'Ademe recommande d'ailleurs de maintenir 19 °C dans les pièces de vie en journée, et d'ajuster entre 16 et 17 °C dans les chambres pendant la nuit. Cet abaissement nocturne – une réduction de 2 à 3 °C – n'est pas seulement une question d'économie ; il est également reconnu pour favoriser un sommeil plus réparateur.

Pourquoi l'extinction totale est-elle souvent contre-productive ?

L'erreur la plus fréquente consiste à éteindre le chauffage pour réaliser des économies maximales. La réalité est plus nuancée. Les experts en systèmes de chauffage, tels que ceux de Viessmann, rappellent qu'un écart de température trop important entre la nuit et le jour va fortement solliciter votre installation au matin.

Pour compenser une chute drastique (par exemple, de 19 °C à 12 °C), le système devra travailler très intensivement et pendant une longue période pour remonter à la consigne de jour. Cette phase de "rattrapage" peut consommer tellement d'énergie qu'elle anéantit les économies réalisées pendant la nuit. En clair, le pic de consommation au réveil risque d'annuler vos efforts nocturnes.

2. Le chauffage continu à basse température n'est pas la bonne technique

Un autre conseil que l'on entend souvent est qu'il serait plus économique de laisser le chauffage fonctionner en permanence, même à très basse température.

Ryan Willdig, spécialiste chez Heatforce, a clairement réfuté cette idée, la qualifiant de fausse information relayée depuis des années. L'efficacité maximale est atteinte lorsque vous n'utilisez le chauffage que quand cela est nécessaire.

Gav Murray, directeur chez Hive, confirme qu'il n'est pas justifié de maintenir le chauffage en continu à une température minimale. L'Energy Savings Trust est encore plus direct concernant les systèmes de chauffage traditionnels : si vous possédez une chaudière (gaz ou fioul), la laisser allumée 24h/24 consomme davantage et alourdit votre facture.

La leçon à retenir est simple : le chauffage doit être un outil de confort piloté par vos besoins et non un fonctionnement en continu.

3. La clé du bon réglage : l'inertie de votre équipement

La meilleure stratégie nocturne dépend en grande partie du type de chauffage que vous utilisez et de son inertie thermique. L'inertie, c'est la capacité d'un matériau à accumuler de la chaleur et à la restituer lentement.

Systèmes à forte inertie : baisser le chauffage de 2 à 3 °C

Si votre maison est équipée d'une chaudière gaz ou fioul alimentant des radiateurs en fonte ou un plancher chauffant, votre système possède une forte inertie.

• Le risque de couper : le site SeLoger souligne que c'est au moment du redémarrage que la chaudière consomme le plus. Si vous coupez ces systèmes à forte inertie, la reprise de température le matin sera lente et demandera un fonctionnement intensif de la chaudière, générant un coût contre-productif.
• La solution : le compromis idéal est l'abaissement nocturne. Réduisez la consigne de 2 à 3 °C pendant la nuit (visez 17 °C) sans arrêter complètement la chaudière. Laissez votre thermostat ou votre système de régulation gérer la reprise progressive une demi-heure avant votre réveil.

Systèmes à faible inertie : la baisse est plus facile

Les appareils qui réchauffent les pièces très rapidement, comme les radiateurs électriques ou les convecteurs modernes, ont une faible inertie.

• L'avantage : ces équipements s'adaptent facilement à une baisse temporaire de la température. Ils peuvent remonter rapidement en chaleur au petit matin sans entraîner de surconsommation notable. Dans ce cas, baisser la consigne à 16 °C ou 17 °C est une démarche très efficace pour économiser.

Le cas spécifique des pompes à chaleur (PAC)

Pour les pompes à chaleur, l'Energy Savings Trust apporte une nuance. Si ces systèmes sont bien dimensionnés pour votre logement et si l'isolation est bonne, il pourrait être plus économique de les laisser fonctionner toute la journée.

La PAC est plus efficace lorsqu'elle maintient une température stable, car elle utilise moins d'énergie que d'autres systèmes pour générer de la chaleur. La stratégie dépend donc ici de la performance globale de votre installation.

4. L'importance cruciale de la programmation

Peu importe votre système, la tentation de pousser le thermostat au maximum pour chauffer "plus vite" est inutile. Comme le rappelle Jamie Burns, régler son chauffage à 25 °C ne fera qu'entraîner une surchauffe, un gaspillage d'énergie et un fonctionnement intermittent du système, sans accélérer la montée en température.

La solution la plus intelligente pour économiser est la programmation précise.

Utiliser un thermostat programmable (ou un thermostat connecté) vous permet :

1. D'appliquer l'abaissement nocturne (16-17 °C) de manière fiable.
2. De planifier la reprise de température (retour à 19 °C) environ 30 minutes avant votre réveil.

C'est cette gestion anticipée et raisonnée qui garantit le confort sans les pics de consommation inutiles. En adoptant une consigne de nuit entre 16 et 17 °C, vous optimisez vos dépenses tout en vous assurant un sommeil de qualité, tout en bénéficiant de la règle de l'Ademe : chaque degré en moins équivaut à environ 7 % d’économies sur votre facture de chauffage.

À votre tour...

Et vous, quelle est votre stratégie de chauffage la nuit ? Dites-nous en commentaire si vous le laissez allumer ou pas. On a hâte de vous lire !

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