À 66 ans, expulsée avec son mari de leur maison, Sylviane meurt dans la rue...
- L'histoire de Sylviane : de la retraite tranquille à la rue
- Six jours dans une voiture en novembre
- Un parcours administratif qui tourne en rond
- Un problème qui dépasse le cas de Sylviane
- Une chambre trouvée... trente minutes après l'article de presse
- Ce qu'il faut faire si vous êtes menacé d'expulsion
- À retenir
Sylviane Police avait 66 ans.
Dimanche 23 novembre, elle s'est effondrée sur un marché de Quimiac, en Loire-Atlantique, victime d'une crise cardiaque.
Elle est morte quelques minutes plus tard à l'hôpital de Saint-Nazaire.
Six jours plus tôt, elle dormait encore dans sa voiture avec son mari.
Quatre mois avant, elle était expulsée de son logement de Piriac-sur-Mer.
Malgré cinq ans de demandes, aucun logement social ne lui avait été attribué.
Voici comment cette tragédie aurait pu être évitée.

L'histoire de Sylviane : de la retraite tranquille à la rue

Sylviane était mère de quatre enfants. Elle touchait une retraite de 300€ par mois. Son mari, militaire retraité décoré de l'Ordre national du Mérite, percevait environ 1600€. Le couple vivait à Piriac-sur-Mer depuis une dizaine d'années, dans une maison qu'ils louaient à un propriétaire privé.
Puis la vie a basculé. L'inflation a frappé fort. Les factures d'eau et d'électricité se sont accumulées. En septembre 2023, le couple accuse un retard de loyer. Un seul mois. Ils continuent à payer les suivants, mais ce retard ne sera jamais rattrapé. Les relations avec le propriétaire se détériorent, notamment à cause d'un jardin mal entretenu. La procédure d'expulsion commence.
Sentant le vent tourner, Sylviane et son mari déposent une demande de logement social dès 2020. Ils actualisent leur dossier en 2023. Ils sollicitent le CCAS (Centre Communal d'Action Sociale). Ils multiplient les démarches. Rien n'aboutit. La raison ? Ils ne sont pas prioritaires : pas de mineurs à charge, revenus jugés insuffisants pour certains critères, mais pas assez bas pour d'autres.
Le 15 juillet 2025, la gendarmerie se présente à leur porte. L'expulsion est effective. Sylviane et son mari perdent leur maison et la majorité de leurs affaires.
Six jours dans une voiture en novembre

Leur fils Maximilian, 37 ans, père de deux enfants, les accueille immédiatement chez lui à Mesquer. Mais quelques semaines plus tard, sa propre maison est mise en vente après le décès du propriétaire. Il doit déménager chez sa belle-famille avec sa femme et ses enfants. Il n'a plus la place d'héberger ses parents.
Le couple de retraités commence alors une errance qui durera plusieurs mois. Un peu de camping quand les tarifs le permettent. Quelques nuits à l'hôtel. Puis, quand l'argent vient à manquer, la voiture. Leur Volkswagen familiale devient leur seul refuge.
Sylviane et son mari refusent les propositions de relogement à Nantes ou Saint-Nazaire. Ils veulent rester près de Piriac, près de leurs petits-enfants auxquels ils sont très attachés, et près de l'hôpital où ils sont suivis tous les deux pour des affections de longue durée. Sylviane souffre d'un cancer de la thyroïde.
Ils viennent régulièrement chez leur fils pour se doucher et faire laver leur linge. Ils passent leurs journées à attendre. Un rendez-vous pour une solution de relogement à Pen Bé est finalement prévu. Mais il arrive trop tard.
Le 23 novembre, Sylviane fait un malaise sur le marché de Quimiac, à quelques mètres de la voiture où elle dort depuis six jours. Son cœur s'arrête, repart, puis s'arrête définitivement. Elle avait passé ses dernières nuits dans le froid, à 66 ans, malade, après une vie consacrée à sa famille.
Un parcours administratif qui tourne en rond

"Pour moi, la mairie de Piriac-sur-Mer n'a pas fait le nécessaire. Ce qui s'est produit n'aurait jamais dû se produire", témoigne Maximilian Police, le fils de Sylviane, quelques jours après avoir perdu sa mère.
Il raconte avoir multiplié les appels, les rendez-vous, les relances. Il a sollicité les services municipaux, le CCAS, les élus. Chaque fois, on lui répond que les procédures sont respectées, que le dossier suit son cours, qu'il faut attendre.
La maire de Piriac-sur-Mer, Emmanuelle Dacheux, se défend. "Ce ne sont pas les communes qui attribuent les logements sociaux, c'est le département avec les bailleurs sociaux lors de la commission d'attribution", rappelle-t-elle. Elle précise que le couple n'entrait pas dans les critères pour des questions de ressources. Elle ajoute que le logement d'urgence de la commune était déjà occupé "depuis longtemps"… tout comme les 90 autres logements sociaux de Piriac.
L'élue explique que le dernier contact avec le couple remontait au 3 novembre, date à laquelle ils étaient hébergés à Trignac. Elle affirme ne pas avoir su qu'ils dormaient dans leur voiture. "J'ai une entière confiance dans le professionnalisme de mes équipes", assure-t-elle, en soulignant la nature "complexe et changeante" du dossier de cette famille.
Maximilian, lui, a demandé le relevé des échanges entre ses parents et la mairie. "Mes parents ont eu l'impression d'être baladés par les services municipaux et sociaux. La personne chargée de suivre leur dossier a multiplié les excuses pour ne pas s'occuper d'eux", affirme-t-il.
Un problème qui dépasse le cas de Sylviane

L'histoire de Sylviane illustre une réalité plus large : la tension énorme sur les demandes de logements sociaux en Loire-Atlantique, particulièrement sur le littoral.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Au 31 décembre 2024, le département comptait 58 434 demandeurs de logement social pour seulement 7 886 logements attribués au cours de l'année. Soit une seule attribution pour 7,4 demandes.
À Piriac-sur-Mer, la situation est encore plus tendue. Au 31 décembre 2024, 49 personnes étaient en attente d'un logement social dans la commune. Seulement deux attributions ont été effectuées au cours de l'année. Deux. Pour 49 demandes.
Le secteur de la presqu'île guérandaise est particulièrement prisé. Le littoral attire, les prix flambent, les logements sociaux se font rares et la rotation est quasi inexistante. Résultat : des familles aux revenus modestes se retrouvent coincées, sans solution, ballottées entre des services débordés et des procédures qui n'avancent pas.
Le Département de Loire-Atlantique précise avoir accompagné le couple de retraités dans ses démarches depuis 2023. "Malgré l'accompagnement social dans les démarches administratives et l'activation de plusieurs dispositifs (dépôt d'une demande de logement social, démarche DALO engagée, orientation vers le 115, recherche de solutions temporaires), l'accès à un logement dans le secteur souhaité est resté sans solution pérenne", écrit-il dans un communiqué.
Une explication qui ne console pas Maximilian. "Il n'y a pas eu d'erreur de procédure, peut-être. Mais il y a eu une mort. Ma mère est morte dans la rue à 66 ans. Ça, c'est un fait."
Une chambre trouvée... trente minutes après l'article de presse

Le mercredi 26 novembre, trois jours après la mort de Sylviane, Maximilian Police témoigne dans la presse locale. Il raconte l'histoire de sa mère, dénonce les manquements des autorités, exprime sa colère et sa détresse.
Trente minutes après la parution de l'article, la mairie de Piriac l'appelle. Une chambre vient d'être trouvée pour son père. Une chambre saisonnière, avec un point d'eau et un chauffage d'appoint, pour une durée de 15 jours renouvelables.
"Comment ont-ils sorti cette chambre de leur chapeau ?", s'interroge Maximilian, choqué. "Était-elle déjà disponible la semaine dernière, quand il faisait grand froid et que mes parents dormaient dehors ? Était-elle encore libre quand ma mère a succombé à une crise cardiaque, dimanche dernier ?"
La maire de Piriac répond que cette solution d'hébergement temporaire a été trouvée dans l'urgence, dès qu'elle a pris connaissance de la gravité de la situation. "Ce n'est pas l'idéal, mais c'est toujours mieux qu'une voiture", déclare Emmanuelle Dacheux.
Le père de Maximilian, veuf depuis quelques jours, a reçu les clefs vendredi. Il dort désormais dans cette chambre, seul, sans sa femme. Maximilian ne "crache pas" sur cette solution, mais regrette amèrement qu'elle arrive trop tard. "Ça aurait dû intervenir beaucoup plus tôt. Beaucoup plus tôt."
Avec ses trois frères et sœurs, il redoute maintenant que leur père "ne fasse une bêtise" si aucune solution pérenne n'est trouvée rapidement.
Ce qu'il faut faire si vous êtes menacé d'expulsion

L'histoire de Sylviane ne doit pas se reproduire. Si vous êtes dans une situation difficile, voici les bons réflexes à adopter dès maintenant :
Ne jamais ignorer un commandement de payer
Dès le premier retard de loyer, contactez votre propriétaire pour trouver un arrangement (échelonnement, délai). Si vous recevez un commandement de payer, vous avez deux mois pour réagir. Ne laissez pas passer ce délai.
Contactez immédiatement le CCAS de votre commune
Le Centre Communal d'Action Sociale peut vous aider à monter un dossier de demande d'aide financière (FSL - Fonds de Solidarité pour le Logement). Le FSL peut prendre en charge vos dettes de loyer et éviter l'expulsion. C'est gratuit.
Déposez une demande de logement social
Si ce n'est pas déjà fait, déposez une demande de logement social dès maintenant. Plus vous la déposez tôt, plus vous avez de chances d'obtenir une proposition avant l'expulsion. Actualisez votre dossier tous les ans.
Appelez le 115 en cas d'urgence
Si vous êtes déjà à la rue ou sur le point de l'être, appelez le 115 (numéro gratuit, 24h/24). C'est le numéro d'urgence pour l'hébergement. Vous serez orienté vers un centre d'hébergement d'urgence.
Saisissez le DALO si vous êtes prioritaire
Si vous êtes dans une situation de grande précarité (personne handicapée, famille avec enfants, victime de violences, menacé d'expulsion sans solution de relogement), vous pouvez saisir le DALO (Droit Au Logement Opposable). Cette procédure oblige l'État à vous proposer un logement dans un délai de trois à six mois.
Numéros et contacts utiles
- 115 : hébergement d'urgence (gratuit, 24h/24)
- 0 805 16 00 75 : SOS Loyers Impayés (gratuit)
- CCAS de votre commune : aide au logement et démarches administratives
- Action Logement : aide Loca-Pass (avance ou garantie de loyer)
- ANIL (Agence Nationale pour l'Information sur le Logement) : 0 820 16 00 75 (conseil juridique gratuit)
Toutes ces aides sont gratuites. N'attendez pas d'être expulsé pour les solliciter.
À retenir
👉 Sylviane Police, 66 ans, est morte dans la rue après avoir été expulsée de son logement : malgré cinq ans de démarches pour obtenir un logement social, aucune solution ne lui a été proposée à temps. Elle a passé ses six dernières nuits dans une voiture.
👉 La tension sur les logements sociaux en Loire-Atlantique est énorme : 58 434 demandes pour seulement 7 886 attributions en 2024. À Piriac-sur-Mer, deux logements ont été attribués pour 49 demandes.
👉 Si vous êtes menacé d'expulsion, réagissez immédiatement : contactez le CCAS, appelez le 115, demandez le FSL, saisissez le DALO si vous êtes prioritaire. Toutes ces aides sont gratuites et peuvent vous éviter de vous retrouver à la rue.
À votre tour...
Vous avez été confronté à une difficulté de logement ? Vous avez réussi à éviter l'expulsion grâce à une aide ? Partagez votre expérience en commentaire, ça peut aider d'autres personnes dans la même situation.
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